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Le travail, c'est la santé !
Le travail, c'est la santé !
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21 décembre 2009

Samedi 28 juillet 2007

Bonjour X.,

Cela fait un moment que je travaille et j’ai heureusement déjà travaillé dans des boîtes où il n’y avait pas de harcèlement moral.

Mais ce qui prévaut partout, à de rares exceptions, malheureusement, c’est la culture du petit chef, chère à la France, et ça, c’est une catastrophe au niveau organisationnel, parce que ça bloque la communication et que ça déclenche des réactions débiles chez les gens (recherche du pouvoir, etc.).

C’est vrai que je suis totalement rétive à ce type de fonctionnement, du coup, je me mets souvent en porte-à-faux, parce que je n’ai jamais réussi à intégrer le degré de politique d’entreprise nécessaire à la survie dans le monde de l’entreprise. J’ai un peu trop tendance à penser que si on fait bien son travail, ça suffit. C’est une erreur grossière, évidemment...

En fait, il faut non seulement bien faire son travail (mais ce n’est pas une condition nécessaire...) mais aussi savoir comment nouer des contacts politiquement intéressants dans l’entreprise pour bâtir sa carrière, repérer les personnes qui détiennent le pouvoir et se les mettre dans la poche...

Bref, on passe plus de temps à assurer son avenir qu’à faire son boulot !

De plus, la pression au boulot s’est considérablement accrue ces dernières années. Tout ça génère beaucoup de stress et certaines personnes, persuadées qu’elles gèrent tout ça très bien, le nez dans le guidon, n’ont aucun recul sur leur fonctionnement et le fonctionnement de leur entreprise.

Il y a aussi l’énorme pression due au chômage, qui fait que certaines personnes pensent qu’on doit tout accepter à partir du moment où l’on a un travail.

Sans compter que certains trentenaires, persuadés qu’ils ont vécu le gros de la crise (ce qui est faux, la crise dure depuis 1974 et les choses étaient beaucoup moins encadrées à l’époque), sont parfois un peu « tendus », tiennent des discours très limites (boulot = vie).

Mais je pense que les petits chefs sont déjà des dinosaures et que la culture qu’ils véhiculent est obsolète. Et que lorsque tout le monde aura pris conscience que les périodes de chômage sont désormais inévitables dans un parcours professionnel et qu’il faut arrêter de se rendre malade avec ça (la précarité est malheureusement une donnée avec laquelle il faut désormais apprendre à vivre...), ça ira peut-être un peu mieux.

En gros, je dirais que globalement le monde du travail en France fonctionne sur des valeurs obsolètes et produit des discours contradictoires et déconnectés de la réalité, que l’encadrement, la formation et le recrutement de l’encadrement sont totalement à côté de leurs pompes (le travailleur de base doit évoluer sans cesse, mais au plus haut niveau, on ne sent pas vraiment de changement et certains chefs sont des caricatures dignes des films comiques des années 70 = ne foutent rien, passent leur temps à ouvrir le parapluie et se cantonnent dans une position hiérarchique archaïque !).

J’espère qu’avec les nouvelles générations, tout cela va évoluer dans le bon sens. Il va y avoir des départs massifs en retraite dans les prochaines années et je souhaite sincèrement que les nouveaux arrivants seront moins cons que leurs prédécesseurs.

Voilà, je ne sais pas si tout cela te rassure et peut-être que je suis un peu excessive...

Je pense comme toi me tourner vers l’intérim désormais, afin d’éviter de me prendre trop la tête avec des problèmes qui n’ont rien à voir avec le boulot !

[plus tard, le même jour]

Je viens de recevoir la convocation pour l’audience de conciliation : c’est le 12 septembre.

Vu la nature des sales cons de ma première boîte, il faut s’attendre à ce que leur avocate fasse traîner les choses et bla bla bla bla bla bla...

En général, les défendeurs ont tendance à bien aimer essayer d’user les nerfs et la patience des demandeurs... Tout cela est un sport d’endurance et ça tombe bien, comme je fais un peu de sport et que j’ai fait beaucoup de marche, j’ai un peu appris à tenir sur les longues distances.

Je vais appeler mon avocate pour faire le point.

Sinon, un de mes collègues de ma deuxième boîte m’a envoyé un gentil mail en me disant qu’il était désolé que je m’en aille. Ça m’a réconfortée et j’en ai profité pour lui demander de saluer les gens que j’aimais bien dans la boîte et indiqué qu’il pouvait donner les raisons de mon départ à qui le lui demandait.

Peut-être que les trois sales cons vont finir par se faire vraiment mal voir à l’intérieur de la boîte, ça ne serait que justice.

Enfin, faut pas trop rêver, tout le monde sait exactement ce qu’ils valent (c’est-à-dire pas tripette) mais ça ne les empêche pas de continuer à sévir comme si de rien n’était, tandis qu’autour d’eux fleurissent les arrêts maladie, les dépressions, les démissions et les demandes de mutation...

Mais je suis persuadée qu’un jour ou l’autre, tout finit par se payer et que ça finira par leur retomber sur le coin de la cafetière, d’une façon ou d’une autre.

Bon week end !

[plus tard, le même jour]

X.,
Oui, des fois, je me dis aussi que la vraie solution, ça serait de monter ma boîte. Mais j’ai déjà travaillé comme indépendante et j’étais surtout soumise à une énorme pression (délais de galérien, etc.), sans compter l’angoisse de ne pas avoir de boulot, alors tu prends tout et tu passes tes journées à bosser et tu recommences le soir et tu passes tes WE à bosser alors que tout le monde va se promener, alors j’avoue que je me tâte vraiment sérieusement...

Surtout qu’on ne peut pas dire que ça m’ait rapporté énormément d’argent : mon boulot n’entre pas dans la catégorie grosse culbute sur les honoraires, il est très exigeant mais peu rémunérateur, le vrai boulot d’andouille pour passionnés peu vénaux, le vrai attrape-couillon, quoi !

[plus tard, le même jour]

L'audience de conciliation est la première étape après la saisine du conseil des prud’hommes. Je n’ai jamais encore assisté à une audience mais son rôle est, selon la convocation, que les parties puissent s’exprimer et éventuellement parviennent à un accord.

Je t’en dirai plus le 12 septembre...

[plus tard, le même jour]

Ouaaaaaaaaaaais, pas contents, pas contents !

Bon, je rigole, mais ce que tu dis est tellement vrai, X., qu’il vaut mieux en rigoler, parce que sinon, on se rendrait malades, et franchement, ça me ferait mal de me rendre malade pour ça ! Déjà que j’ai tendance à faire de la tension quand les sales cons font leurs sales conneries...

Mais à force de faire chier le monde, d’essayer de nous balader d’est en ouest avec leurs pipeautages à trois centimes d’euros, ils vont finir par se retrouver tous seuls comme des cons à essayer de faire tourner leurs boîtes, ça va donner !

Nan, bien sûr, je sais trop bien qu’il y aura toujours des petits jeunes crédules comme nous l’avons été et des braves travailleurs scrupuleux et consciencieux qui par amour de la belle ouvrage continueront de travailler dur pour pas cher... sans compter tous les enfants sans doigts qui travaillent pour encore moins que ça en Chine...

C’est pour ça, mieux vaut en rire !

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