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Le travail, c'est la santé !
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21 décembre 2009

Vendredi 31 août 2007

Devenir schizoïde

J’ai passé ces derniers jours à faire mon autocritique.

Sévère, l’autocritique. « Faut que tu te calmes, j’ai fini par me tancer, tu t’enflammes, tu t’énerves, et au total, ça donne quoi ? »

Aujourd’hui, j’avais un rendez-vous avec l’ANPE.

Déjà, premier truc, une dame très gentille me demande pourquoi je suis là. Alors je lui réponds qu’on m’a demandé de venir. J’explique : si tu ne vas pas aux convocations de l’ANPE, c’est bien marqué sur les convocations, tu peux être radié des listes de chômage, ce qui entraîne automatiquement la faillite de ton porte-monnaie. Donc, moi on me convoque, je suis dans ma période tout ce qu’on me dit est bel et bon, j’y vais, je ne réfléchis pas, j’y vais, afin que la liste des chômeurs ne passe pas mon nom au blanco.

Après, la dame me donne des exercices à faire (un livret de documentation et un petit cahier d’exercices). Bon, tant que je suis là, je fais les exercices, je compulse des gros machins pour élargir mon champ de recherches et trouver de nouvelles voies de recherche de travail.

On est plusieurs dans la salle, chacun avec notre petite histoire de pourquoi on est là, et chacun, petit à petit, révèle un petit morceau de son histoire d’inscrit sur les listes de chômeurs.

Pas moi, parce que j’ai décidé de rester super neutre, bien tranquille. Je remplis mon cahier d’exercices et puis c’est tout.

À la fin, la dame me conseille de faire ça et ça pour mon CV (pas bête comme proposition, d’ailleurs) et, après avoir un peu consulté mon CV, m’avoir demandé pourquoi les dates de mes diplômes sont très rapprochées (j’ai passé un DUT en un an, une année spéciale, ça s’appelle), elle me dit :
« Je vais vous poser la question qui tue et vous me direz si vous pouvez y répondre : Comment ça se fait que vous ayez eu autant d’employeurs ? Je vois plein de dates, vous avez changé souvent d’employeur, on peut penser que c’est parce que vous avez eu des problèmes. Vous pouvez répondre à cette question qu’on vous posera sûrement lors d’un entretien ?
- Oui, je pourrais. En même temps, si vous êtes resté quarante ans dans la même entreprise, on vous posera aussi la question, alors... »

Elle n’insiste pas. Je n’ai pas très envie de lui dire, comme à tous ces gens que je croise dans divers bureaux, immarcescibles, que le monde du travail, des fois, c’est changer de boulot plein de fois, reprendre ses études sur le tard, et zigzaguer au gré des machins et des trucs. Qu’il arrive aussi qu’on tombe sur des employeurs malfaisants et qu’on fasse tout pour se casser. Ça la foutrait mal, je sais bien.

L’ANPE, ça peut être assez déstabilisant comme expérience, parce que d’un seul coup, il y a tous ces gens qui veulent absolument t’aider alors que tu ne leur a rien demandé, qu’ils ne savent parfois même pas de quoi ils parlent...

La nouveauté, c’est que je suis restée tellement calme que j’ai cru que j’avais chopé le syndrome banquise. Juste je me suis dit que ça serait une énorme perte de temps, qu’il valait mieux la jouer « Je peux le faire » et puis voilà.

À quoi ça aurait servi de lui exposer mon point de vue ? Je la reverrai jamais, cette dame, et je m’en fous de ce qu’elle pense de moi.

J’ai fini mon petit cahier d’exercices et je suis partie, et si j’avais eu un peu des lacunes au niveau de mon psychisme, je serais sûrement en train de me pendre à l’heure actuelle : tu te rends compte, j’ai changé tellement de fois d’employeurs qu’on finit par se demander si des fois ?

Mais non, cet après-midi, je vais cuisiner pour des potes et puis lire le journal.
L’autre truc marrant, c’est que je recommence à travailler début septembre et dès que je leur dis ça, aux gens de l’ANPE, ils me regardent bizarrement, comme si je foutais le bordel dans leur machin. Mais ils devraient être contents, non ?, qu’une chômeuse trouve du travail, ou c’est trop compliqué pour eux aussi ?

J’ai été travailleuse intermittente pendant quelques années et là aussi, ça a été très long pour leur faire comprendre ce statut étrange. Il a fallu m’entendre dire un certain nombre de fois que je n’existais pas, avant qu’ils se rendent compte que finalement si, juste au moment où je commençais moi-même sérieusement à avoir des doutes sur la question.

Et j’ai un autre rendez-vous la semaine prochaine, pas moyen d’y échapper, alors que j’aurai recommencé à travailler, parce que sinon, autre menace qui fait trembler sec, on te « sort du dispositif ».

Comme mon truc en ce moment, c’est de rester sur les listes et dans les dispositifs, je vais y aller, bien sûr. C’est un truc pour me ramener dans le monde de l’entreprise bien que je sois un public particulièrement difficile. Plus de quarante ans, et te voilà devenu un public particulièrement difficile, faut juste s’habituer au vocabulaire. Ou faire comme si tu n’avais rien entendu, ce qui, je pense, va être mon prochain combat.

– Qu’est-ce que tu fais ces temps-ci ?
– Je m’entraîne à la surdité sélective. J’ai déjà fait d’énormes progrès. Je vais bientôt pouvoir attaquer le mutisme et le flegme. Enfin, pour le flegme, je compte faire un stage, parce que là, y’a vraiment du boulot. Je vais me renseigner auprès de l’ANPE. »

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