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Le travail, c'est la santé !
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4 janvier 2010

Vendredi 14 septembre 2007

Elle est trop mignonne...

...faut que je vous la raconte : je travaille avec des puristes pur jus, des vrais de vrai, des coupeurs de cheveux en quatre, des pinailleurs hors compétition, des défenseurs de la belle langue de jadis et naguère, des athlètes, des experts pas très contents de travailler avec des pauvres hères dans notre genre (ils sont trois et je soupçonne que leur truc, c’est un peu « nous trois contre le reste du monde »). Tronche pas possible, air hautain, une vraie contre-publicité pour ce qu’ils sont censés défendre, entre nous soit dit.

Sans aborder la saine ambiance qu’ils installent dans le bureau, passons...

Donc, tous les jours, nous avons droit à une leçon du français comment qu’on le cause, et c’est grand !

Aujourd’hui, c’était carrément le test : un de ces gros maniaques a emmené un texte de Mazarine Pingeot (ah oui, ce sont de gros misogynes aussi, je me fais un plaisir par exemple, rien que pour les faire chier, de dire systématiquement « LA garde des Sceaux » et « LA ministre », histoire de voir leurs globes oculaires leur sortir de la tête et leur épiderme blêmir d’un seul coup, à ces pâles crétins) et le jeu (!!!) consistait à trouver l’erreur.

Non, non, je n’invente rien, c’est que du vrai de la vie comme elle est...

Mon collègue a joué (moi, je l’aurais envoyé chier gentiment mais fermement, l’autre, avec son test, non mais, grande feignasse, t’as pas plutôt du boulot, des fois, tous les prétextes te sont bons, alors, y’a plus de limite ?, mais lui, ça fait des années que les Puristes Enervants lui pourrissent la vie, alors je crois qu’il ne se rend plus bien compte...) et il s’est fait ramasser.

Figurez-vous qu’elle a écrit dans un de ses bouquins qu’elle avait gardé un chapeau en souvenir de son père. Hé bé, ça se dit pas : on dit « en mémoire de son père ». Et le crétin était tout content de lui, genre il est parti là-dessus, il aurait eu une cape, il l’aurait rejetée fièrement sur ses épaules, le truc que si tu le vois pas, tu n’y crois pas. Et avant de partir, il a grogné en retroussant les babines, alors que mon collègue tentait timidement de lui dire que c’était du langage parlé, tout ça : « Oui, enfin, pour une normalienne... » et on sentait là-dedans un gros paquet de frustrations, d’aigreur, d’avortements divers, de rancœurs rances, de je-ne-vais-même-pas-aller-piocher-au-fond-de-ton-cervelet-j’ai-trop-peur-de-vomir...

À part ça, je n’ai rien ni pour ni contre les livres de Mazarine Pingeot, je ne les lis pas, c’est juste un exemple pour vous espliker avec quels phénomènes peu urbains je travaille.

Et c’est comme ça tous les jours !

La semaine dernière, l’un d’eux est même allé jusqu’à dire que les gens qui font le Larousse, ils vont dans les banlieues pour y pêcher des mots...

Et voilà, comment voulez-vous ! Les lexicographes, ils font rien qu’à supprimer plein de jolis mots pour en mettre des pas beaux à la place et après on s’étonne que la jeunesse elle garde des chapeaux en souvenir de son père !

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