Dimanche 27 juillet 2008

Quelques réflexions qui me viennent comme ça : je suis sidérée par le manque d’informations qui règne à propos du harcèlement moral.

Bla bla bla bla sur la faiblesse constitutionnelle de la personne qui en est victime (comme si on sortait les mêmes andouilleries à quelqu’un qui est victime d’un accident de la route ou d’un acte de délinquance – ce qu’est le harcèlement moral, en passant).

Non-prise en compte par les organismes de Sécu (sauf combat très long et course d’obstacles) et les organismes comme l’Assedic.

Mon médecin m’a vivement déconseillé de tenter de faire reconnaître mes arrêts maladie comme liés à un AT pour ne pas y user ma belle santé et mon énergie.

Or tout arrêt maladie, sauf bonne convention collective, entraîne une perte de revenu et est lié à une dégradation de l’état de santé, ce qui représente un préjudice non négligeable, tant pis pour ceux qui pensent que les gens qui se mettent en arrêt maladie sont des feignasses.

Difficulté pour la victime à se faire reconnaître comme telle, parce que le harcèlement moral se produit rarement de façon ouverte et que le harceleur ne pense pas toujours à envoyer une déclaration de guerre à ceux dont il a décidé de pourrir la vie.

Une bonne idée serait d’ailleurs de leur fournir des imprimés à remplir :

Le ... .... 200... (indiquez la date), j’ai pris la décision de nuire par tous les moyens à M. (ou Mme) ... (ici indiquez le nom de votre victime), et pour ce faire, j’ai fait les crapuleries suivantes : ... (détaillez ici toutes les crasses que vous a dictées votre cerveau de malade).
Par mon attitude menaçante et peu claire et mes calomnies subtilement distillées, j’ai incité M. ou Mme ... (indiquez le nom de vos complices) à entrer dans mon jeu. J’ai profité de l’inertie de la hiérarchie, du manque de communication et de la structure opaque qui sévissent dans mon entreprise pour mener à bien mes projets.

Ça simplifierait drôlement les démarches !

Difficulté à en parler ensuite, parce que le harcelé se trimballe encore une sale réputation (soit de fouteur de merde soit de déficient psychologique).

Le nombre de soi-disant médecins qui ignorent totalement les spécificités du harcèlement moral et ses conséquences sur les victimes !

Ça relève quasi de la faute professionnelle, moi je dis ! Heureusement, ça ne concerne pas tous les médecins, mais le fait de ne pas être entendu pour une victime de harcèlement moral est pire que tout, parce que le silence et la mise en doute de sa parole (qui font qu’elle en vient à mettre en doute ses propres sentiments et réactions) font partie intégrante du harcèlement moral.

Rupture professionnelle pour les victimes, tandis que les harceleurs bénéficient d’une immunité de fait lorsque le problème n’a pas été pris en compte sur le fond (on considère qu’il s’agit d’un problème de personne à personne, alors qu’en général, un harceleur reste un harceleur quelles que soient les personnes qu’il a en face de lui tant que la structure qui lui permet de sévir n’a pas été remise en cause réellement).

Moralité : ce climat d’hypocrisie fait le jeu des harceleurs et maintient les victimes dans un no man’s land bien pourri tandis qu’elles doivent en plus assumer les problèmes financiers que le harcèlement entraîne. Sans parler bien sûr de celles qui finissent par se suicider parce qu’elles n’ont pas été entendues et soutenues...

Bon, comme il fait beau et que c’est dimanche, je vais m’arrêter là, mais y’a des jours, franchement, on se demande...

Bon courage à tous ceux et celles qui traversent ce sale moment.

Parlez, parlez, parlez, parlez, jusqu’à ce que vous trouviez un interlocuteur qui vous écoute, parce que le silence est l’allié des pourris !