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Le travail, c'est la santé !
Le travail, c'est la santé !
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4 janvier 2010

Mercredi 14 novembre 2007

Sinon, il paraît qu’une majorité de Français sont opposés à la grève. Hier, une de mes collègues (elle est toujours en colère contre tout) s’est agacée de la grève des étudiants : très remontée, très virulente, elle aurait eu un étudiant en face d’elle, sûr qu’elle le réduisait en charpie.
« C’est quoi, cette grève ? Ils se croient en mai 68 ou quoi ? Alors ? Faut arrêter maintenant ! » Je n’ai pas bien compris en quoi ça la dérangeait personnellement, cette grève... Elle a sans doute l’épiderme un peu chatouilleux ou ça perturbe son sens de l’ordre.


Elle a tout le temps quelque chose à dire, en général du même acabit, sur les événements en cours. Elle explose comme ça, sans rime ni raison, menaçante, à croire qu’elle a détecté la présence d’un récalcitrant dans le bureau. Mais personne ne lui répond jamais ou bien juste quelques grognements d’approbation.

Moi ? Je suis en CDD, je fais juste comme si je n’étais pas là, on m’a bien fait comprendre que ma présence était tout juste tolérée et je m’efforce de refermer soigneusement les écoutilles. Mais pas moyen d’échapper à leur logorrhée, à leurs discours tellement intéressants...

Un autre collègue récapitule son CV afin que nul n’en ignore jour après jour. Et que j’ai fait telles études et que je connais Machin et Truc et que je suis le plus intelligent, le plus cultivé, le plus ceci et le plus cela. Et il éclate parfois d’un rire sonore et réjoui quand il raconte une blague qui ne fait rire que lui.

Et j’aimerais lui dire qu’on a bien compris que c’était le meilleur et le plus beau et est-ce que tu peux juste te taire maintenant ? Mais je me tais et je rêve de me faire greffer des membranes que je pourrais replier sur mes conduits auditifs, parce que j’ai beau faire, m’exhorter à l’ataraxie, au repli, à l’hébétude, leur caca sonore m’encombre et me pollue.


Tous les malades ne sont pas en train d’égorger leur mère ou de trucider des infirmières : j’en ai plein dans le bureau dans lequel je travaille, des lamineurs du quotidien, des assassins du silence et de la sérénité, des concasseurs de cerveaux, et ils mènent leur travail de sape en toute impunité.

Terriblement intrusifs, pompant soigneusement et avec une régularité monstrueuse l’air des affligés qui partagent le même espace qu’eux, affichant une intense satisfaction et claironnant leurs compétences, méchants comme la teigne et persuadés de leur bon droit à être eux-mêmes, c’est-à-dire des sales cons.

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