Lundi 18 décembre 2006
Vie
de bureau, ton univers impitoyâââbleu !
Ce matin, je suis
arrivée au bureau en me disant qu’il fallait que je me calme un peu, que je
montais un peu trop sur mes grands chevaux. Jusqu’à midi, tout s’est à peu près
bien passé (pareil que d’habitude, c’est-à-dire). Puis à la cantine, alors que
j’arrive pour m’assoir, une de mes collègues en était à verser de l’eau à tout
le monde. Au moment où elle arrive à mon verre, elle l’ignore et referme la
bouteille.
– Merci, Machine !
J’avoue que je n’arrive
plus à savoir sur quel ton je leur parle...
Machine dévisse le
bouchon de la bouteille et me sert en protestant sans rire :
– Ha ça va, j’allais
y venir...
Tout cela sur un
ton vraiment agressif. C’est pour ça, je ne sais plus trop, peut-être que j’ai
moi-même été trop agressive...
– Mais c’est pas
grave, Machine, je dis avant de sentir les larmes me monter de nouveau aux
yeux.
Je suis très
lacrymale en ce moment, ne me secouez pas, je suis remplie de morve. En plus, j’ai
une crève bien sympa, qui me donne une voix de canard assez chouette...
Au bout de quelques
minutes, donc, je suis en larmes au-dessus de mon assiette et je ne peux plus
contenir le fleuve qui déborde de toutes parts. Je me lève et je regagne mon
bureau. Là, je prends le téléphone et j’appelle la déléguée du personnel. Quand
elle arrive, je suis toujours aussi liquide qu’une fontaine et entre deux
sanglots, je lui explique que je n’en peux plus, que j’en bave des ronds de
chapeau depuis que je suis rentrée de mon arrêt maladie et ci, et ça, etc. Le
grand déballage de la fille qui n’en peut plus.
La déléguée du
personnel me dit qu’elle me comprend, qu’elle a vécu des moments abominables
dans cette boîte, que certaines personnes ont besoin de détester pour
fonctionner. Elle me promet qu’elle va en parler à la DG.
Lorsque je rejoins
la cantine après le départ de tous mes sympathiques collègues pour casser un
peu la croûte quand même, la DG est en pleine discussion avec l’une des
galinettes (pas la Chef, la Poutrelle).
Comme je suis un
peu con, j’en déduis qu’elles parlent de mon cas. Mais je n’interpelle pas la
DG une fois que Poutrelle est partie, je me dis qu’il faut que la DG se fasse
son idée, que je ne vais pas lui sauter dessus. Je regrette bien d’ailleurs, ça
aurait sans doute réglé plus vite le problème.
Bref, vers 16 heures
45, comme je ne vois toujours rien venir, je téléphone à la déléguée du
personnel pour lui demander où on en est. Elle me dit qu’elle a parlé à la DG,
que celle-ci veut réfléchir. Je lui explique alors que j’ai vu la DG discuter
avec l’une des galinettes et que cela va forcément faire le tour du service et
que ça m’étonnerait que ça arrange ma popularité. Elle recontacte la DG pour
expliquer à celle-ci qu’il est urgent qu’elle me voie le plus rapidement
possible. Mais je quitte le boulot après avoir attendu une demi-heure après l’heure
de débauche pour des clous.
La déléguée du
personnel me promet alors qu’elle va insister pour que j’obtienne un rendez-vous
demain dans la matinée. Il vaudrait mieux parce qu’à mon avis, ils sont déjà en
train de fabriquer l’affiche avec ma tête de Pat Hibulaire dessus.
Pourquoi j’ai fait
ça, je veux dire, balancer mes problèmes, ce qui ressemble fort à balancer mes
petits camarades ? D’abord parce que ce ne sont pas mes petits camarades,
mais des collègues franchement casse-pieds qui me font vivre une situation à
laquelle je ne vois pas d’issue à l’heure actuelle.
Aujourd’hui, j’ai
décidé qu’il fallait que je me tire à tout prix de cette boîte. Tant pis, je
vais me retrouver au chômage, mais je préfère ça à craquer tous les jours et
rentrer chez moi dans un état tellement proche de la compote de nerfs que ça ne
ressemble plus à rien.