Mercredi 14 février 2007
Je
suis toujours en arrêt maladie (tension + anxiété), mais je commence à
retrouver le moral, parce que je me dis qu’il y a forcément une solution et
surtout, je suis bien décidée à ne pas y retourner : la reprise après mon
arrêt maladie pour burn out a été
tellement rock’n’roll que je ne veux même pas imaginer ce que pourrait être un
retour après un nouvel arrêt, sachant que j’ai en plus osé contacter la
médecine du travail !
Petit
détail sympathique : mon ancienne chef a persuadé tout le monde que je
souffrais d’une dépression. Il semblerait que ce soit une tactique assez
classique du harceleur : si vous réagissez à ses agressions, qu’il s’arrange
pour rendre le plus sournoises possible, tout le monde met alors ça sur le
compte de votre fragilité, de votre dépression. C’est exactement ce qui s’est
passé pour moi.
La
dépression n’est pas une tare, mais pour beaucoup de gens, elle n’est pas
encore bien connue et cela recouvre un peu tout et n’importe quoi, surtout si
la personne qui répand le bruit que vous êtes dépressive en profite pour vous
arranger savamment le portrait au passage... et que ses interlocuteurs ne sont
pas très ouverts d’esprit.
En
fait, l’employeur n’est pas tenu d’être au courant de la raison pour laquelle
un salarié est en arrêt maladie et dans mon cas, je n’ai expliqué à personne la
raison de mon arrêt (personne ne m’ayant rien demandé, il faut dire...), jusqu’à
ce que je comprenne qu’il fallait rétablir la vérité parce que la cinglée en
profitait pour faire passer des messages erronés (fragile, dépressive, etc.).
Lorsque
j’ai réagi, le mal était déjà fait et personne dans l’encadrement (qui est
pourtant censé être composé de gens intelligents...) ne s’est demandé comment
elle avait eu des informations confidentielles sur les raisons de mon arrêt
maladie (informations que je ne lui avais pas communiquées). Ce qu’elle disait
a été pris pour argent comptant et je me suis parfois trouvée dans l’impossibilité
de réagir (sous l’attaque, il y a des moments où on faiblit, où on ne comprend
pas forcément tous les enjeux).
Une
fois que j’ai compris l’importance que ça avait, j’ai expliqué tant que j’ai pu
les raisons de mon premier arrêt, pour rétablir la vérité, et communiqué au
médecin du travail un récapitulatif des heures supplémentaires que j’ai
effectuées avant de tomber malade.
Mais
le mal était fait. Que j’accomplisse ou pas correctement mon travail, je crois
que c’était devenu secondaire dans ce qui se jouait. Cette femme voulait ma
peau, et elle était déterminée à tout mettre en œuvre pour arriver à ses fins,
manipulant mes collègues (trop heureux pour certains de se laisser faire),
répandant des ragots et me balançant des vacheries en douce pour me saper un
peu plus.
Au
début, j’ai beaucoup souffert de son hostilité mais pour dire vrai, je m’étais
toujours méfiée d’elle et de sa façon de colporter des ragots orduriers sur
tous et toutes, de plaindre ceux sur lesquels elle n’avait pas de ragots à
colporter (la fausse compassion est une façon comme une autre de salir quelqu’un),
de parler fort, de brasser de l’air, de faire l’importante. La grande gueule,
en somme, et pas le modèle le plus agréable de la catégorie.
Je
lui avais fait savoir que les ragots sur Untel ou Unetelle m’intéressaient peu
et que j’étais là pour travailler, pas pour autre chose. Elle instaurait une
ambiance de rivalité débile avec un autre service. Au début, j’ai marché, puis
j’ai fini par comprendre que ce n’était pas la meilleure solution pour faire du
bon boulot et j’ai tout fait pour instaurer des relations de travail correctes
avec ce service. Sans compter que j’ai apporté des petites modifications dans
la façon de travailler à l’intérieur même du service, mettant notamment en
place des outils tout bêtes de suivi (qu’elle-même n’avait jamais mis en place,
faute d’en comprendre l’intérêt, à savoir que n’importe qui peut connaître l’état
d’avancement de tel ou tel dossier).
Je
pense que tout cela ne lui a pas plu et que c’est une des raisons qui ont signé
mon arrêt de mort dans sa tête de malade.
En
même temps, je suis consciente que dire toutes ces choses peut donner l’impression
que j’ai le melon. Mais c’est juste les raisons que j’ai fini par trouver à la
situation que j’ai subie.
Quant
à mes collègues, cela m’a fait souffrir de me retrouver à l’écart mais
finalement, je me suis dit que je n’avais pas beaucoup de sympathie pour eux au
fond, et encore moins lorsque je voyais qu’ils réagissaient comme des hyènes et
se comportaient comme des porcs. J’avais fini par me dire que ne plus faire
partie du groupe m’arrangeait.
Cela
ne m’empêchait pas de souffrir de solitude et de mal-être. Il y a d’un côté la
tête, qui décortique ce qui est en train de se passer et de l’autre côté l’affectif
qui en prend plein la tête... Et puis, tous les jours, il faut gérer l’hostilité
et les attaques et ça finit par abîmer sérieusement. Surtout que lorsque vous
essayez d’en discuter, on vous dit que vous vous faites des idées. Certains
jours, je me remettais très salement en question.
J’en
suis arrivée à avoir envie de me foutre en l’air. C’est d’ailleurs ce qui m’a
donné la force de dire STOP.
À
force de retourner les choses dans tous les sens, j’ai fini par réaliser qu’il
n’était pas normal de souffrir autant, jusqu’à avoir envie de mourir, que la
situation était dingue mais pas de mon fait, qu’il ne fallait pas attendre d’amélioration
à l’intérieur de la boîte, la hiérarchie pouvant difficilement revenir sur ce
qu’elle m’avait affirmé dans un premier temps au risque de se décrédibiliser
sérieusement.
J’ai
donc cherché de l’aide à l’extérieur et cela, c’est inadmissible aux yeux des
gens qui travaillent à l’intérieur du système qui génère le harcèlement.
Pour
moi, les choses sont claires : ce travail, c’est terminé. Il faut que je
tourne la page et que je me mobilise pour rebondir ailleurs.
J’ai
tenu cinq mois, je trouve que c’est déjà énorme et je ne sais pas comment font
les personnes (j’ai lu pas mal de posts sur le forum pour avoir d’autres
témoignages, cela aide à faire le point) qui tiennent des années.
Je
vais me retrouver au chômage à plus de quarante ans, c’est loin d’être facile,
mais je n’y pense même pas, tant pour le moment je suis surtout soulagée à l’idée
que je ne remettrai plus les pieds dans cette boîte de fous.