Mardi 12 septembre 2006
Deux
pétasses (modèle courant, sans particularité notable)
La première, la
Chef, est châtain et elle se fait faire des mèches blondes. Ses mèches
rebiquent en tous sens, on dirait un épouvantail qui a avalé le réveil du
crocodile de Peter Pan. Elle a les sourcils toujours en vrac, comme au bord de
l’explosion, et ses yeux marrons vous vrillent et louchent un peu quand elle se
concentre. Ça va donner, le jour où ses yeux vont tomber de ses orbites et ses
sourcils s’envoler pour de bon !
Elle met des hauts
hyper moulants pour bien montrer ses avantages.
Elle a un côté
pouffe qui s’assume que vous pouvez trouver sympathique au premier abord. Au
deuxième abord, vous décidez que c’est juste une pouffe, c’est tout.
Elle prend des
cours de management et se prend pour une gouroute.
Elle aime savoir
des choses sur les gens. Ensuite, elle ragote. Elle pense que cela lui donne du
pouvoir (toutes ces choses qu’elle sait !). Comme, en plus, elle n’aime
pas les gens, c’est toujours ça de gagné. Lorsqu’elle vous parle des gens, elle
évoque toujours leur vie privée et son univers ne connaît que deux catégories :
les cons et les pauvres gens.
Elle ? C’est
une super bosseuse. Elle a parfois tendance à tout faire pour emmêler les
crayons des autres mais ça fait partie du jeu. Elle est très forte en PNL. Elle
a obtenu un diplôme et pourrait même faire de la formation, si si. Et, surtout,
elle est super drôle et ses blagues sont à mourir de rire.
En fait, elle est
vulgaire, très con et totalement dingue mais comme elle bosse 120 heures
par semaine, la société qui l’emploie la chouchoute malgré ses sautes d’humeur,
ses écarts de langage et son inaptitude à organiser correctement son travail
(je parle de choses basiques comme des fiches de suivi, pas de révolution
informatik, restons calmes, elle n’est même pas capable de concevoir une idée
qui la sorte de la mélasse dans laquelle elle est car elle s’y complaît, s’y
roule et s’en délecte : cela lui confère une forme de pouvoir et d’aura).
Cela fait cinq ans
qu’elle dit qu’elle va partir, mais elle ne part pas car elle ne trouverait pas
de travail aussi bien payé ailleurs (elle fait énormément d’heures sup et
celles-ci sont payées, faut pas exagérer !).
La seconde, la
Poutrelle, est châtain et porte des chaussures énervantes. Toute la journée,
elle arpente le bureau en faisant bien sonner ses petits talons impérieux. Un
de ces jours, ils vont finir par lui rentrer dans les pieds.
Elle est nulle en
orthographe, nulle en français mais prétend vous donner des leçons.
Elle aime faire
croire qu’elle fait tout le travail. Elle n’est pas totalement nulle (elle a
des bonnes idées mais pas abouties) mais elle se prend pour une vraie kador.
Elle adore tout ce qui va vite, est réactif et elle claque ses doigts pour vous
donner une idée de ce qu’elle entend par là.
Elle a la tête
comme une cougourde et trois idées super top à la seconde, une vraie moulinette
de la com’ ! Elle sort des mots qui le font complet (corporate, blabla) et
son petit torse se bombe tandis que ses mollets se tendent, elle ressemble à une
galinette qui vient de pondre un œuf. Elle croit que tous les œufs qu’elle pond
sont en or, voire en platine, voire en... je ne sais pas moi, en... (j’y
arrive pas, enfin un truc que tout le monde le voit et tombe raide mort tellement
c’est beau et précieux et rare).
Ne lui donnez
jamais un coup de main, elle vous prendrait pour une pauvre pomme !
« C’est moi
qui l’ai fait » est son expression favorite.
Elle adore
travailler dans une bonne ambiance mais passe son temps à vous hurler dessus
dès que vous lui posez la moindre question (elle est occupée, elle n’a pas le
temps, vous la dérangez, parlez moins fort). Vous, vous prenez des gants avec
elle parce que vous savez que si vous devez lui dire quelque chose, le ton va
forcément monter. Vous sortez régulièrement exploser à la cafétéria après lui
avoir répété pour la millième fois qu’elle vous parle mal. Elle s’excuse la
première fois mais considère que cela équivaut à un quitus pour toutes les
autres fois.
Elle veut faire son
trou dans la société qui l’emploie et elle est prête à tout pour ça.
Elle n’a aucun
talent particulier mais elle compense par une énergie énorme et un entregent
extraordinaire. Evidemment, elle réussira.
La Chef et la Poutrelle
travaillent ensemble et sont super copines : elles ont le même sens de l’humour
et adorent dire du mal des autres. Tout le monde est nul sauf elles, c’est
entendu.
Ce sont toutes deux
de grosses bosseuses, c’est-à-dire qu’elles sont capables de perdre un temps
fou sur des conneries par manque d’organisation mais on s’en fout, les heures
sup sont payées. Elles pensent (car elles pensent) que le travail doit
passer avant tout le reste et considèrent tous ceux qui ont une vie privée et
bien l’intention de la conserver comme des feignants et des imbéciles qui n’ont
rien compris à la vie.
Tant qu’elles
auront une carcasse humaine à se mettre sous les dents, elles ne se
retourneront pas l’une contre l’autre.
Mais dès que leurs
mâchoires claqueront dans le vide, elles se jetteront l’une sur l’autre, et ça
va saigner et gicler dans tous les sens, car elles sont aussi férocement bêtes
l’une que l’autre.