Lundi 15 janvier 2007
Ta
mère, elle aurait dû avoir sa ménopause AVANT ta naissance
Aujourd’hui, mon
pauvre bicloune a crevé et ça m’a permis de revenir en voiture jusqu’à l’arrêt
de bus avec une collègue de boulot sympa (je la voyais plus trop, quand tu te
méfies de tout le monde, tu finis par devenir un peu con à force).
Je lui ai un peu
beaucoup pleuré sur l’épaule et elle m’a proposé de déjeuner à sa table le
midi. Je n’osais pas trop le faire, car elle déjeune avec un mec avec qui je me
suis jetée direct quand je suis arrivée dans la boîte et je ne voulais pas m’imposer.
Mais elle aussi s’est jetée avec lui et elle dit qu’en fait il est sympa.
En tout cas, ça va
me changer un peu des tronches de cake de mon service, avec lesquelles je
déjeune en plus le midi, histoire de ne pas faire sécession, de faire joli sur
la photo de groupe.
Depuis septembre,
retour de mon arrêt maladie, je fais des efforts pour être gentille avec tout
le monde dans ce service de cloportes puants (tout en réagissant si on me
marche trop fort sur la gueule, quand même), mais là, plus envie.
Je me disais qu’il
ne fallait pas que je m’isole un peu plus, mais finalement, rien à foutre de m’isoler,
et rien à foutre non plus d’avoir désormais l’air d’être une super méchante qui
n’aime pas ses gentils collègues.
Ma gentille
collègue a subi elle aussi du harcèlement moral dans son service (cette boîte
craint !!!). Elle a morflé un moment puis elle a réussi à réagir.
Mais bon, comment
réagir à des attaques qui sont tout sauf frontales sans passer pour une parano
grand genre ?
Un exemple ?
Ce matin, la Chef répond à quelqu’un qui lui demande au téléphone si ça va « Oui,
ça va, sauf la ménopause ».
Comme ça, ça n’a l’air
de rien.
Il faut juste
savoir que depuis que je suis dans cette boîte, la Chef fait des blagues sur ma
ménopause car elle a un petit côté taquin (j’ai dix ans de plus qu’elle,
quoique je sois encore assez loin d’être ménopausée), que son bureau est situé
de telle sorte et qu’elle parle suffisamment fort pour que j’entende sa
réponse. Je suis donc en droit de penser que c’est de moi qu’elle parle.
Oui, sauf que
lorsque j’en parle à d’autres gens (mon mari, par exemple, ou la collègue de ce
soir), leur première réaction est de me demander si je ne suis pas en train de
me monter le bourrichon et c’est tout à fait compréhensible, puisque la Chef
mène toutes ses attaques de la même façon.
Je suis allée
consulter des sites Internet sur le profil des harceleurs et elle est en plein
dedans. Quant à leurs tactiques, évidemment, ça relève rarement du frontal et
du franc du collier. Voir fonctionner en live une grande
déjantée peut avoir un côté assez instructif.
J’avoue que sur le
coup, ça m’a un peu fait rigoler dans ma barbe (yé souis seule, toute seule,
alors yé rigole dans ma barbe, si si).
Et puis... Toute la
journée, vos sympathiques collègues sont vos sympathiques collègues, il règne
une ambiance de daube dans le service, alors vous vous plongez dans le boulot,
et le soir, vous rigolez moins.
Heureusement, ce
soir, ma collègue sympa m’a fait rigoler, m’a remonté le moral et maintenant, j’ai
plutôt envie de me défendre (si je peux, parce que les harceleurs s’arrangent
toujours pour que celui qui se défend passe pour l’agresseur alors que eux sont
tellement gentils).
Un autre exemple ? À
mon retour, la Chef m’a convoquée dans son bureau avec mon ancienne collègue et
l’intérimaire qui avait travaillé dans le service pendant mon absence.
Naïvement, je pensais qu’il s’agissait de faire le point sur ce qui s’était
passé pendant mon absence. Que nenni ! Je me suis pris une poutre direct
dans la tête : « Alors comme ça, tu passes sous les ordres du chef en
chef ? » J’avoue que j’ai été un peu estomaquée (j’ignorais que je
passais sous les ordres du chef en chef et que donc je n’étais plus rattachée à
la Chef). Ensuite, la Chef s’est lâchée : mon absence, le fait que je
cherchais du travail ailleurs (elle avait soi-disant tapé mon nom sur Internet
et serait tombée sur mon nom. En fait, j’avais déposé un CV sur un site spécialisé
et j’en avais parlé à ma collègue, qui bien sûr, n’avait pas pu se retenir de
le répéter, cette grougne !), bref, elle ne pouvait plus me faire
confiance. Moi, j’ai répondu du tac au tac que mon absence était dû à un
trop-plein de boulot, que c’était normal de chercher du travail ailleurs, qu’elle-même
nous avait dit l’avoir fait (« Oui, mais c’était avant d’avoir constitué
MON équipe », a-t-elle répondu, la bave au coin des lèvres et l’œil un peu
fou). Que si j’avais été malade, c’est parce que je m’étais défoncée dans mon
boulot.
Ma chère collègue
essayait d’en remettre une petite couche, alors je lui ai stipulé que je m’adressais
à la Chef et pas à elle.
La pauvre
intérimaire, qui devait se demander ce qu’elle foutait là, regardait ses pieds
avec une très forte envie de disparaître.
Dans une situation
pareille, il est normal de se défendre, non ?
Bé non ! La
Chef était pas contente, pas contente. Elle griffait son bureau avec ses dents
et éructait : « Tu ne me laisses pas parler » et « Tu es dans
une humeur ˝revendicaliste˝. ».
J’ai bien aimé le
mot mais je lui ai quand même fait remarquer qu’il n’existait pas, pas pu m’en
empêcher.
Et rebelote le
lendemain matin, convocation, éructation, défense pied à pied de mon point de
vue et re bave, re rayage de bureau et re pas contente pas contente.
Depuis, la Chef ne
me cherche plus des noises direct dans la tête, ni ma collègue que je suis
allée voir quelques jours plus tard pour lui demander de me parler poliment (« Tu
déconnes à fond », elle m’a rétorqué).
Et depuis, le
service attend, haletant, un dénouement dans le sang.