Vendredi 18 mai 2007

X.,
Sûr qu’ils font pitié...
En même temps, ils sont accablés de boulot et je crois que dans ces conditions, il est vraiment difficile de prendre du recul et d’évaluer certaines choses...

C’est plutôt l’organisation de cette boîte, qui suscite ces comportements et qui les encourage, qui fait pitié...

Parce que je ne pense pas que ce soit un fonctionnement productif et intelligent, que ça crée des blocages à tous les niveaux, que ça rend les gens malheureux et frustrés, tout ça au détriment de leur vie personnelle et au final, et à long terme, c’est une catastrophe aussi pour le boulot : je ne vois pas comment des gens surmenés, frustrés et sous-payés peuvent rester créatifs et enthousiastes...

Mais le vrai gros problème de cette boîte, c’est celui qui y donne le la, si on peut dire (encore faudrait-il qu’il ait la moindre connaissance en musique et connaisse le sens du mot « harmonie »). C’est-à-dire le PDG, un type très mal élevé, qui terrorise et humilie les gens avec lesquels il travaille. Son comportement se reporte en cascade sur l’encadrement, et de fil en aiguille, tout le monde en pâtit.

Le genre d’autocrate paternaliste que tout le monde veut mettre dans sa poche parce qu’il pique des colères noires, est instable, et qu’on préfère être dans ses petits papiers.

Pour vous donner un exemple de sa façon de faire : lors d’un salon, il avait trouvé un produit très intéressant et j’avais réagi totalement à l’opposé, trouvant ce produit immonde. Sa réaction : « Voilà ce que c’est que de travailler avec des vielles ! »

Il est bien sûr plus âgé que moi... J’en suis restée bouche bée, les personnes qui nous accompagnaient ont fait comme si de rien n’était (la bombe était tombée à côté d’elles, ouf !) et nous avons continué notre petit tour... Je crois avoir le sens de l’humour, mais là, le ton sur lequel il a dit ça, c’était tout sauf de l’humour.

Le jour du discours de Noël, il a carrément dit à une employée (je ne sais plus combien d’années de boîte), alors qu’il lui remettait la médaille du travail (pouf pouf !) qu’on avait l’impression qu’elle avait fait la guerre, ah ah !

Lors de ce même discours, pour mettre une bonne ambiance, il a également annoncé devant tous les employés que tel le fermier, il venait tâter le bétail (c’est-à-dire les employés).

Que c’est drôle, quel humour, quelle finesse !

Un jour, le responsable de mon service s’est risqué à reprendre le slogan « vieille, sourde », etc., mais je lui ai très clairement signifié que je n’acceptais pas. Ça avait les apparences d’une blague, c’était destiné à faire rire, mais très bizarrement, ça ne m’a pas fait rire du tout.

Encore, cette fois-ci, comme c’était fait de façon frontale, moi présente, pour mettre mes collègues de son côté (on peut rire ensemble aux dépens de la vieille malade feignasse), j’ai pu réagir et il se l’est tenu pour dit.

Mais les sales connes avaient repris le truc à leur compte, de façon plus sournoise, de telle sorte que je ne puisse pas réagir sans accréditer la thèse de la dépression et de l’agressivité que la sale conne en chef faisait courir, et c’est là que ça a commencé à devenir très très irrespirable pour moi.

Ce que j’en retire, c’est qu’il ne faut pas rester dans les boîtes où la direction se comporte de cette façon, parce que tôt ou tard, ça dégénère et que si vous êtes un tant soit peu à l’écart du fonctionnement, vous serez la première personne à en faire les frais.